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Livre - Page 2

  • Gérard MORDILLAT - Vive la sociale

    Un bel hommage au XXème

    "Que serait Paris sans le XXème arrondissement ?
    Rien, un trou, une béance, un être incomplet en dix-neuf morceaux une ville ridicule.
    La ville entière repose entre les bras puissants de Belleville et de Ménilmontant. Si l’un des deux venait à lâcher, la catastrophe serait inévitable. Celui qui n’a jamais coursé les filles entre la rue Sorbier et la rue de la Bidassoa, jeté des oeufs sur les passants du haut de la rue Villiers de l’Isle-Adam, flâné rue des Cascades, maraudé passage des Entrepreneurs ou rue de la Cloche, peut toujours s’arracher les yeux d’admiration devant la tour Eiffel, le Louvre, l’Arc de Triomphe et autres plaisanteries mineures, il ne comprendra jamais rien à Paris, s’il ne comprend rien au XXème arrondissement. Le XXème n’est ni un paysage, ni une curiosité, ni un circuit touristique c’est un état d’esprit. Et ça ça ne s’explique pas."

  • Jean HATZFELD - La stratégie des antilopes

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    De savoureuses réflexions sur les us et coutumes au Rwanda...et dans toute l'Afrique .

    …Rien n’est plus repérable dans la campagne rwandaise que des Kigalois : coiffure congolaise, escarpins à hauts talons instables, maquillage criard malmené par la poussière, cravate noué et costume sombre malgré la canicule. Dans le monde entier, les métropolitains aiment à cultiver leur élitisme, mais dans aucun autre pays ils mettent autant de soin à éviter tout risque de confusion entre eux et les provinciaux qu’ils visitent…


    …A huit heures, une ribambelle d’écoliers affluent de tous côtés, filles en bleu, garçons en kaki, et sortent du village vers l’ancien triangle colonial : les trois bâtiments en brique cuite de l’école, l’église et la maison communale, autour un terrain caillouteux où les gamins jouent au foot toute la journée. Les plus costauds monopolisent le ballon en cuir de l’école, lequel voltige au gré des vagues de joueurs qui affluent du lever au coucher du soleil, tandis que les petits usent des balles en feuilles de banane ficelées. Des petits virtuoses se livrent à des jongleries qui laisseraient bouche bée les recruteurs de nos centres de formation…


    …A Nyamata les gens sont passés directement, en quelques mois, du téléphone public colonial, unique et grésillant, de la Poste, où l’on attendait son tour pendant des heures avant d’obtenir une communication à peu près audible de quelques poignées de secondes, aux téléphones portables et messageries e-mail, sans avoir connu téléphones filaires, fax, répondeurs ou minitels. Ils n’en éprouvent aucune gêne, mais pas davantage de fascination ni de jouissance spéciale.
    L’Africaine a inventé la pagne. Plus géniale invention que le pagne, vous en trouverez peu. Le pagne est le drap multicilore sur lequel on se couche, celui dont on s’enroule dans la froideur de la nuit. Il est la serviette après les ablutions, la jupe qu’on noue autour des hanches au réveil, le châle qu’on pose sur l’épaule à la saison des pluies. Le pagne enveloppe le petit sur le dos, sert de baluchon pour se rendre en ville ou en voyage. On l’étale sur l’herbe ou dans la cour pour bavarder entre copines, on l’accroche aux fenêtres pour la sieste.
    Les pagnes garnissent les trousseaux, accompagnent les réfugiés dans les camps, les immigrés dans leurs foyers. Ils fleurissent les rues de Montreuil au printemps, embellissent les photos souvenirs des conférences internationales. Ils sont des cadeaux toujours plaisants. Ils sont beaux, pas chers, solides, taillables et corvéables à merci. Pourtant, ils ne peuvent empêcher l’invasion des tailleurs, costumes, sacs, valises, volets, poussettes, tapis, serviettes made in china qui se répandent sur les marchés africains…

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    Innocent Rwilili « …Le Blanc ne devine pas comment il est envié par les Africains, en tout cas par les Africains des campagnes ; et comment il est craint. Par exemple, tu vois une assemblée de mille personnes qui se tient dans un village, avec des notables, des professeurs, des personnalités, des gens très bien habillés, accompagnés de leurs épouses brillantes de tous leurs bijoux. Bon, un Blanc passe là par hasard. Il porte une chemise et un pantalon froissés, pieds nus dans ses sandales. Personne ne sait ce qu’il sait, ce qu’il pense ou ca qu’il possède, mais l’orateur va bien s’arrêter de parler en le regardant ; le Blanc va être plus respecté que n’importe qui dans l’assemblée jusqu’à ce qu’il disparaisse dans le chemin… »