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Les bâtons d'Arno Klarsfeld

La pause d'été a été longue...Depuis le mois de mai j'en ai lu des bouquins dont le Da Vinci Code, mais j'y reviendrai. Voilà le dernier bouquin que je viens de terminer : "Les bâtons" d'Arno Klarsfeld.
 
Des évidences sur la guerre de 1994 au Rwanda. Des vues en forme de flash quelquefois intéressantes.
 
Sur la ville de Kigali : "...Par-delà le jardin, on aperçoit une ville qui n'en ai pas une. De tristes Lego salis, oubliés par les architectes, mais pas une ville. Au-delà de cette cité sans âme, c'est le Rwanda, ses vertes collines et son chagrin silencieux…"
 
Sur la séparation "ethnique" établie par les européens : "...C'est nous qui avons foutu la merde ici. Quand on est arrivés, on a vu qu'il y avait des noirs grands et riches et d'autres, petits et pauvres. On en a conclu que des nobles intelligents, les Tutsis, avaient colonisé une bande de Noirs un peu débiles, les Hutus. En plus, on y trouvait notre avantage en tant que puissance occupante : pour diriger, il suffisait de déléguer aux Tutsis. Les Tutsis, tu penses bien qu'ils ont pas dit non. D'où la rancoeur des Hutus pour les Tutsis. Mais avant nous, Tutsis et Hutus représentaient seulement des classes sociales, rien de plus. Ce sont les européens qui , au début des années trente, ont imposé une carte d'identité sur laquelle était spécifié si l'on était hutu ou tutsi. Ce sont les euopéens qui ont imprimé une connotation raciale qui n'existait pas et n'avait jamais existé au Rwanda. Les missionnaires chrétiens ont accrédité cette thèse, faisant même des Tutsis une tribu égarée du christianisme…"
 
Sur les situations à Paris et au Rwanda en été 94 : "...C'était l'été 1994, on massacrait à Ntarama, Gitarama ou Butare. On tuait en ville et dans la brousse…C'était l'été 1994 et il faisait beau à Paris. J'écrivais. J'ouvrais à peine le journal. Je marchais seul ou presque au milieu de vingt-cinq ans de souvenirs. J'étais parfaitement heureux et le Rwanda n'entamait pas mon bonheur. Si j'en avais eu le pouvoir, j'aurais arrêté définitivement le temps à ces journées ensoleillées, studieuses et égoïstes…"
 
Sur les conditions des prisonniers : "...la cour [de la prison] est un océan rose. Je me frotte les yeux. Toute la gamme des roses est là, autant de nuances chromatiques que de souillures possibles. Ce sont les uniformes des prisonniers, des milliers de génocidaires comme des grappes d'abeilles vêtues de brboteuses roses. Formidable enchevêtrement de bras et de jambes. Une autre fosse commune, celle des vivants, celle des assassins ! Debout, accroupis, allongés, agenouillés, gisants, mourants…Dans cette cour de prison qui empeste, toutes les positions du corps humain sont exposées…"

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