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  • Funérailles célestes

    Xinran

    "Funérailles célestes"

    Editions Philippe Picquier

    Funérailles célestes est une histoire d'amour et de perte, de loyauté et de fidélité au-delà de la mort. Xinran dresse le portrait exceptionnel d'une femme et d'une terre, le Tibet, toutes les deux à la merci du destin et de la politique. ( extrait de la 4ème de couv.)

    Wen, la femme, part à la recherche de Kejun, son mari, médecin chinois mort au combat sur les plateaux tibétains. Pendant des années, recueillie par une famille tibétaine, elle découvre des paysages, des coutumes, une culture, puis ce qui est arrivé à Kejun.

    Extraits

    Kejun s'adresse aux Tibétains après avoir tué un vautour, animal sacré, qui dévorait des cadavres et une personne encore en vie :

    " Ni moi ni les autres chinois ne sommes venus ici pour vous faire du mal. Tout ce que nous voulions faire, c'était vous apporter nos connaissances, pour améliorer vos vies, comme la princesse Wencheng l'a fait il y a plus de mille ans. Elle vous a enseigné à tisser, à cultiver la terre et à guérir les maladies. Nous voulions vous monter comment utiliser de nouveaux matériaux pour améliorer vos tentes, comment fabriquer de nouvelles sortes d'objets en cuir, comment engraisser vos animaux. Nous voulions vous aider à combattre les démons des maladies qui vous font souffrir. Bien que nous portions des armes, nous ne voulons pas nous en servir contre vous. Nous voulons seulement les utiliser comme vous utilisez vos couteaux, pour nous protéger des mauvaises gens. Hier, j'ai voulu sauver un de vos lamas, qui n'était pas mort, comme vous le croyiez. Mais je comprends que j'ai fait une erreur en tuant l'un de vos messagers sacrés. Je désire payer pour mon erreur. Je vais sacrifier ma vie pour rappeler les vautours. Selon votre religion, les vautours sacrés ne mangent pas de démons. Quand je serai mort, je vous demande de découper mon corps avec vos couteaux et de voir, si dans la mort, nous les Chinois sommes pareils à vous, les Tibétains. Si les esprits envoient en messagers leurs vautours, j'espère que vous croirez que nous autres Chinois, nous les considérons aussi comme nos amis, que la haine et le sang versé sont l'oeuvre des démons, et que pour les esprits nous sommes tous frères ! ".

  • On a deux yeux de trop

    Voici un livre qui nous parle et nous montre des réfugiés rwandais vers l'ex-Zaïre, aujourd'hui la République Démocratique du Congo, en 1994.
    Faisant suite au génocide des Tutsis et Hutus modérés d'avril à juin 1994 et à la prise en main du Rwanda par les Tutsis (FPR) venant d'Ouganda, une grande partie de la population hutu, responsable de crimes ou pas, se réfugie vers le pays voisin, le Zaïre. Les conditions désastreuses de ces réfugiés provoquent une épidémie de choléra...
    Florence Aubenas par le texte et Anthony Suau par les photos témoignent de cet exil.
     
     "On a deux yeux de trop"
    Anthony Suau et Florence Aubenas
    Editions Actes Sud
     
    Extraits
     

    "... Les voitures de presse, qui viennent à leur rencontre, ne les entendent pas venir. La masse surgit soudain d'un repli de colline. Déjà, elle entoure la voiture, l'immobilise dans l'étau de ces corps sans même sembler la voir. Parfois, un visage se colle contre le pare-brise. Puis disparaît sans un regard, retourne à la foule. Les mains ne se tendent pas, les yeux même ne demandent rien. Dans le flot, une femme ploie les jambes. Elle tombe sur les coudes, son enfant sur les bras. Se traîne un peu, puis reste là, lèvres écumantes. Le bébé hurle, secoue le sein sans vie. Personne ne s'arrête. Le reste de la colonne a juste un soupir pour ce corps qui entrave sa marche.

    ...Catherine, jeune médecin de MSF, se penche sur les malades, séparés des autres réfugiés par de fragiles rubans fluorescents. Tous les matins, elle fait "son tri".

    Dun côté, les morts de la nuit ; de l'autre, ceux qui respirent encore. Depuis le début de l'épidémie de choléra, deux cent cinquante personnes meurent là, chaque jour, allongées en plein vent, au milieu des cailloux. Catherine parlent doucement des médicaments qui n'arriveront jamais à temps et jamais assez nombreux. "Au début, on craignait des rébellions parmi les réfugiés, comme cela s'est passé au sud du Zaïre, par exemple. Mais ici, ils crèvent en silence." Elle manie des perfusions, patauge dans une boue d'excréments. "L'autre jour, on a fait un sondage approximatif à l'infirmerie du camp. Plus de la moitié de ceux qui viennent se faire soigner sont par ailleurs atteints du virus du sida." Elle refuse les épais gants de protection. Hausse les épaules devant les recommandations. "On piquerait deux fois moins de malades par jour. On ne peut pas se le permettre."