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Les chevets de kerlaz - Page 5

  • Jean TEULE - Ô Verlaine

    Verlaine d'abord, Teulé ensuite...

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    Les sanglots longs
    Des violons
    De l'automne
    Blessent mon coeur
    D'une langueur
    Monotone.
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    Tout suffocant
    Et blême quand
    Sonne l'heure,
    Je me souviens
    Des jours anciens
    Et je pleure;
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    Et je m'en vais
    Au vent mauvais
    Qui m'emporte
    Deçà, delà,
    Pareil à la
    Feuille morte.

  • Les bâtons d'Arno Klarsfeld

    La pause d'été a été longue...Depuis le mois de mai j'en ai lu des bouquins dont le Da Vinci Code, mais j'y reviendrai. Voilà le dernier bouquin que je viens de terminer : "Les bâtons" d'Arno Klarsfeld.
     
    Des évidences sur la guerre de 1994 au Rwanda. Des vues en forme de flash quelquefois intéressantes.
     
    Sur la ville de Kigali : "...Par-delà le jardin, on aperçoit une ville qui n'en ai pas une. De tristes Lego salis, oubliés par les architectes, mais pas une ville. Au-delà de cette cité sans âme, c'est le Rwanda, ses vertes collines et son chagrin silencieux…"
     
    Sur la séparation "ethnique" établie par les européens : "...C'est nous qui avons foutu la merde ici. Quand on est arrivés, on a vu qu'il y avait des noirs grands et riches et d'autres, petits et pauvres. On en a conclu que des nobles intelligents, les Tutsis, avaient colonisé une bande de Noirs un peu débiles, les Hutus. En plus, on y trouvait notre avantage en tant que puissance occupante : pour diriger, il suffisait de déléguer aux Tutsis. Les Tutsis, tu penses bien qu'ils ont pas dit non. D'où la rancoeur des Hutus pour les Tutsis. Mais avant nous, Tutsis et Hutus représentaient seulement des classes sociales, rien de plus. Ce sont les européens qui , au début des années trente, ont imposé une carte d'identité sur laquelle était spécifié si l'on était hutu ou tutsi. Ce sont les euopéens qui ont imprimé une connotation raciale qui n'existait pas et n'avait jamais existé au Rwanda. Les missionnaires chrétiens ont accrédité cette thèse, faisant même des Tutsis une tribu égarée du christianisme…"
     
    Sur les situations à Paris et au Rwanda en été 94 : "...C'était l'été 1994, on massacrait à Ntarama, Gitarama ou Butare. On tuait en ville et dans la brousse…C'était l'été 1994 et il faisait beau à Paris. J'écrivais. J'ouvrais à peine le journal. Je marchais seul ou presque au milieu de vingt-cinq ans de souvenirs. J'étais parfaitement heureux et le Rwanda n'entamait pas mon bonheur. Si j'en avais eu le pouvoir, j'aurais arrêté définitivement le temps à ces journées ensoleillées, studieuses et égoïstes…"
     
    Sur les conditions des prisonniers : "...la cour [de la prison] est un océan rose. Je me frotte les yeux. Toute la gamme des roses est là, autant de nuances chromatiques que de souillures possibles. Ce sont les uniformes des prisonniers, des milliers de génocidaires comme des grappes d'abeilles vêtues de brboteuses roses. Formidable enchevêtrement de bras et de jambes. Une autre fosse commune, celle des vivants, celle des assassins ! Debout, accroupis, allongés, agenouillés, gisants, mourants…Dans cette cour de prison qui empeste, toutes les positions du corps humain sont exposées…"

  • La douarneniste et le commissaire

    Voilà un polar de Serge Le Gall très agréable à lire, surtout par les douarnenistes qui peuvent suivre les personnages à chaque coin de rue.
    On imagine le commissaire Landowski en gabardine "Colombo", la logeuse on la devine en coiffe douarneniste ( penn sardin ) avec son sarrot
    Une chose m'a contrarié. C'est l'emploi du langage douarneniste qui n'est pas toujours utilisé bien à propos.
     
    Exemples :
     
    - "...je vous ai entendu au-dessus de moi parement, même que j'ai pas pu fermer l'oeil avec vous !..." p.62
    Remarque : parement se dit en début de phrase et s'emploie surtout à la place de "j'espère que"et non de "bien sûr". Même problème p.96 "...mais du poisson parement...", p.106 "...j'ai envie de vous parler de ces deux chipies, parement...", p.137 "...j'avais raison, parement."
    - "...A mon âge,on a les os qui sont partis kraze, vous savez..." p.62
    Remarque : kraze s'emploie uniquement pour les crêpes. Une crêpe kraze a presque la texture d'une crêpe dentelle, elle est souvent trop cuite.
    - "...Malévurusse que c'est de voir ça..." p.163
    Remarque : Malévurusse s'emploie de préférence en interjection à la place de "malheureux" ou même de "mon Dieu". Dans la phrase ci-dessus il aurait été préférable d'écrire : "Malévurusse ! c'est pas possib de voir ça...

  • Funérailles célestes

    Xinran

    "Funérailles célestes"

    Editions Philippe Picquier

    Funérailles célestes est une histoire d'amour et de perte, de loyauté et de fidélité au-delà de la mort. Xinran dresse le portrait exceptionnel d'une femme et d'une terre, le Tibet, toutes les deux à la merci du destin et de la politique. ( extrait de la 4ème de couv.)

    Wen, la femme, part à la recherche de Kejun, son mari, médecin chinois mort au combat sur les plateaux tibétains. Pendant des années, recueillie par une famille tibétaine, elle découvre des paysages, des coutumes, une culture, puis ce qui est arrivé à Kejun.

    Extraits

    Kejun s'adresse aux Tibétains après avoir tué un vautour, animal sacré, qui dévorait des cadavres et une personne encore en vie :

    " Ni moi ni les autres chinois ne sommes venus ici pour vous faire du mal. Tout ce que nous voulions faire, c'était vous apporter nos connaissances, pour améliorer vos vies, comme la princesse Wencheng l'a fait il y a plus de mille ans. Elle vous a enseigné à tisser, à cultiver la terre et à guérir les maladies. Nous voulions vous monter comment utiliser de nouveaux matériaux pour améliorer vos tentes, comment fabriquer de nouvelles sortes d'objets en cuir, comment engraisser vos animaux. Nous voulions vous aider à combattre les démons des maladies qui vous font souffrir. Bien que nous portions des armes, nous ne voulons pas nous en servir contre vous. Nous voulons seulement les utiliser comme vous utilisez vos couteaux, pour nous protéger des mauvaises gens. Hier, j'ai voulu sauver un de vos lamas, qui n'était pas mort, comme vous le croyiez. Mais je comprends que j'ai fait une erreur en tuant l'un de vos messagers sacrés. Je désire payer pour mon erreur. Je vais sacrifier ma vie pour rappeler les vautours. Selon votre religion, les vautours sacrés ne mangent pas de démons. Quand je serai mort, je vous demande de découper mon corps avec vos couteaux et de voir, si dans la mort, nous les Chinois sommes pareils à vous, les Tibétains. Si les esprits envoient en messagers leurs vautours, j'espère que vous croirez que nous autres Chinois, nous les considérons aussi comme nos amis, que la haine et le sang versé sont l'oeuvre des démons, et que pour les esprits nous sommes tous frères ! ".

  • On a deux yeux de trop

    Voici un livre qui nous parle et nous montre des réfugiés rwandais vers l'ex-Zaïre, aujourd'hui la République Démocratique du Congo, en 1994.
    Faisant suite au génocide des Tutsis et Hutus modérés d'avril à juin 1994 et à la prise en main du Rwanda par les Tutsis (FPR) venant d'Ouganda, une grande partie de la population hutu, responsable de crimes ou pas, se réfugie vers le pays voisin, le Zaïre. Les conditions désastreuses de ces réfugiés provoquent une épidémie de choléra...
    Florence Aubenas par le texte et Anthony Suau par les photos témoignent de cet exil.
     
     "On a deux yeux de trop"
    Anthony Suau et Florence Aubenas
    Editions Actes Sud
     
    Extraits
     

    "... Les voitures de presse, qui viennent à leur rencontre, ne les entendent pas venir. La masse surgit soudain d'un repli de colline. Déjà, elle entoure la voiture, l'immobilise dans l'étau de ces corps sans même sembler la voir. Parfois, un visage se colle contre le pare-brise. Puis disparaît sans un regard, retourne à la foule. Les mains ne se tendent pas, les yeux même ne demandent rien. Dans le flot, une femme ploie les jambes. Elle tombe sur les coudes, son enfant sur les bras. Se traîne un peu, puis reste là, lèvres écumantes. Le bébé hurle, secoue le sein sans vie. Personne ne s'arrête. Le reste de la colonne a juste un soupir pour ce corps qui entrave sa marche.

    ...Catherine, jeune médecin de MSF, se penche sur les malades, séparés des autres réfugiés par de fragiles rubans fluorescents. Tous les matins, elle fait "son tri".

    Dun côté, les morts de la nuit ; de l'autre, ceux qui respirent encore. Depuis le début de l'épidémie de choléra, deux cent cinquante personnes meurent là, chaque jour, allongées en plein vent, au milieu des cailloux. Catherine parlent doucement des médicaments qui n'arriveront jamais à temps et jamais assez nombreux. "Au début, on craignait des rébellions parmi les réfugiés, comme cela s'est passé au sud du Zaïre, par exemple. Mais ici, ils crèvent en silence." Elle manie des perfusions, patauge dans une boue d'excréments. "L'autre jour, on a fait un sondage approximatif à l'infirmerie du camp. Plus de la moitié de ceux qui viennent se faire soigner sont par ailleurs atteints du virus du sida." Elle refuse les épais gants de protection. Hausse les épaules devant les recommandations. "On piquerait deux fois moins de malades par jour. On ne peut pas se le permettre."